Alitalia : Etihad pourrait venir épauler Air France-KLM au tour de table
Par Pierre de Gasquet | 08/01 | 07:00
Tandis que le président d'Alitalia milite pour une reprise par Air France, les minoritaires seraient prêts à discuter avec Etihad.
Après avoir ouvert les portes d'Air Berlin à Air France-KLM, Etihad pourrait venir prêter main-forte à son nouvel allié stratégique au tour de table d'Alitalia. Selon nos informations, la compagnie d'Abu Dhabi, qui a déjà un accord commercial avec Alitalia, serait prête à racheter les parts de certains actionnaires minoritaires désireux de se désengager, à l'échéance de l'actuel pacte d'actionnaires, le 12 janvier. Air France-KLM, qui possède 25 % de la compagnie italienne mais n'a pas les moyens de racheter le reste, éviterait ainsi le risque de voir une partie du capital d'Alitalia passer entre des mains hostiles... En attendant d'être suffisamment rétablie pour pouvoir faire une offre de rachat, en cash ou par échange d'actions, en 2014 ou 2015.
Contactés, ni Etihad ni Air France-KLM n'ont souhaité commenter ces informations. Air France-KLM a seulement démenti hier « toute négociation sur le rachat de tout ou partie des actions détenues par les investisseurs italiens ». « Les moyens actuels d'Air France-KLM sont extrêmement limités », expliquait hier le PDG d'Air France, Alexandre de Juniac. « Etihad continue de rechercher des opportunités de prises de participation dans des compagnies aériennes, dans le cadre de sa stratégie de partenariat », se contentait-on de répondre du côté de la compagnie émirati. Cependant, son patron, James Hogan, aurait bien proposé à son nouvel allié un schéma associant Air France-KLM et Alitalia à Air Berlin et Aer Lingus, où il possède déjà des participations minoritaires. De quoi se rendre incontournable en échange d'un plus vaste accès au réseau d'Air France-KLM.
Le plan initial, un échec
« Une chose est sûre : Alitalia ne peut pas survivre tout seul », explique-t-on, de source italienne. Quatre ans après avoir participé au sauvetage de la compagnie au nom du « patriotisme industriel », la plupart des actionnaires industriels qui ont investi 1 milliard d'euros en 2008, à l'appel de Silvio Berlusconi, sont désormais impatients de revendre leurs parts. La fin de la période de blocage leur offre désormais une fenêtre d'opportunité. Selon le quotidien italien « Il Messagero », plusieurs d'entre eux auraient confié un mandat à Rothschild en vue d'explorer une cession de leurs participations.
« Force est de constater que le plan initial est un échec : il a transféré 3 milliards d'euros d'endettement à la charge du contribuable sans assurer l'avenir d'Alitalia », constate-t-on dans l'entourage de la famille Benetton, l'un des principaux actionnaires minoritaires d'Alitalia à travers Atlantia. Avec un endettement net de 923 millions d'euros et 735 millions de pertes cumulées en quatre ans, Alitalia a un cruel besoin de recapitalisation.
Pierre de Gasquet
et B. T.
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